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Paramyxovirose

J’aborderai aujourd’hui dans mon article un des ennemis numéro 1 des colombophiles,  la « paramyxovirose », également appelée « maladie de Newcastle » ou encore « pseudo-peste aviaire ». Cette maladie est provoquée par un virus de type paramyxovirus appelé le PMV-1 variante pigeon,  excessivement contagieux et contre lequel il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement dont l’efficacité a pu être démontrée (même si des essais avec certains nouveaux médicaments se sont révélés encourageants). Et même si des traitements dans le but de stimuler l’immunité des pigeons peuvent être entrepris, le seul moyen efficace à 100% à l’heure actuelle contre cette maladie est donc de la prévenir grâce à la vaccination. Cette maladie est apparue chez nous il y a plus d’une trentaine d’années sous la forme d’une épidémie qui a ravagé plusieurs colonies. Certains d’entre vous s’en rappellent d’ailleurs encore. Actuellement cette maladie est considérée comme une des maladies animales les plus importantes au monde. Elle est « endémique » (présente de façon constante et continue, notamment parmi les oiseaux sauvages) dans notre pays, et provoque beaucoup de dégâts parmi toutes les populations d’oiseaux. Nos pigeons ne sont donc pas les seuls concernés par cette maladie.

 

Au niveau légal, cette maladie a pour particularité de faire partie de ce que l’on appelle « les maladies à déclaration obligatoire ». Cela veut dire que cette maladie, lorsqu’elle est diagnostiquée par un vétérinaire doit être confirmée par analyse au laboratoire national agréé (le CODA-CERVA) et puis être déclarée aux autorités. Pourquoi cette obligation ?  Et bien tout simplement car elle est considérée comme dangereuse pour la santé publique. Il faut rappeler que la « variante pigeon » de cette maladie peut se transmettre aux volailles, et donc créer éventuellement des problèmes dans les élevage de poulets, mais aussi aux oiseaux sauvages. Déclarer cette maladie fait souvent peur aux colombophiles, et de source sûre, certains amateurs ont peur de se rendre chez le vétérinaire lorsqu’ils suspectent que leurs pigeons soient atteints de cette maladie. Il s’agit à mon avis d’un mauvais calcul. Car en faisant cela, on risque de voir ses pigeons mourir les uns après les autres d’un problème qui n’est absolument pas celui-là, et qui serait à l’inverse de la paramyxovirose soignable à 100% avec le bon diagnostic.

Mais, concrètement, quelles sont les réelles dispositions légales prises lorsqu’un cas de paramyxovirose est avéré positif ? Pour la colonie atteinte, le propriétaire est tenu de faire vacciner tous ses pigeons en urgence et de les confiner (maintenir dans le pigeonnier) pendant 1 mois. Cette mesure a pour but, pur et simple d’éviter que les pigeons malades ne contaminent d’autres pigeons avoisinant ou d’autres oiseaux sauvages qui deviendraient ainsi des réservoirs de la maladie, et contamineraient à leur tour d’autres colonies. Cette mesure est donc prise dans le bien de tous, et on a souvent trop tendance à l’oublier. Lors de la déclaration d’un cas positif, le bourgmestre de la commune où le cas a été déclaré est tenu de contacter tous les vétérinaires de la commune pour leur signaler la présence de ce cas, et donc les rendre plus attentifs à d’autres cas éventuels dans les jours suivants.  Il n’y a donc là dedans à mon avis aucune réelle raison de paniquer ou d’être honteux que vos pigeons soient atteints de cette maladie, mais au contraire, en les faisant examiner par un vétérinaire, vous pourrez non seulement être sûr qu’il ne s’agit pas d’une autre maladie ressemblante au niveau des symptômes et parfaitement soignable, et s’il s’avère que c’est bien la paramyxovirose, discuter avec votre vétérinaire de la meilleure façon de gérer le problème. Car en effet, et contrairement à ce qu’on pense, il existe des solutions.

 

 On a parfois l’impression actuellement que cette maladie n’existe presque plus en Belgique, car très peu de cas sont déclarés chaque année. Mais en pratique, et à cause de la peur de certains de faire examiner leurs pigeons par un vétérinaire, ou de la négligence de certains vétérinaires qui ne déclareraient pas la maladie, il existe en réalité beaucoup plus de cas que ceux déclarés officiellement.

 

En ce qui concerne les symptômes, beaucoup de monde associe paramyxovirose avec symptômes nerveux, et particulièrement torticolis (comme on peut le voir parfois sur des photos ou certaines vidéos). Il faut savoir que la majorité des souches de virus actuelles occasionnent avant tout des lésions aux reins des pigeons, avec pour symptômes ce que l’on appelle de la polyurie/polydipsie. C’est à dire, des pigeons qui vont se mettre à boire énormément, et qui vont donc par la même occasion se mettre à faire des fientes « comme de l’eau ». Certains colombophiles, expliquant qu’ils pourraient nettoyer leur pigeonnier avec une raclette, tellement les fientes sont liquides. Les symptômes nerveux, que tout le monde connaît n’apparaissent que dans un 2ème temps, et encore, pas de façon systématiques. Certains pigeons peuvent même être retrouvés morts avant même de développer le moindre symptôme en cas d’infection avec des souches très agressives. A l’inverse, des colonies touchées par des virus de souche moins agressives peuvent survivre et même récupérer totalement de la maladie. Attention, dans ce cas, certains d’entre eux peuvent devenir des « porteur sains » et excréter le virus.

La vaccination contre cette maladie est en Belgique obligatoire pour les élevages qui contiennent plus de 200 pigeons, ou pour les pigeons qui participent à des concours ou des expositions.  Ces dernières années, suite à des pénuries de vaccins, certains colombophiles se sont vus obliger de faire vacciner leurs pigeons avec d’autres vaccins, ce qui a perturbé un peu les habitudes. La chose la plus importante en ce qui concerne le vaccin est de vacciner des pigeons en excellente santé, car sans cela la protection produite par le vaccin pourrait ne pas provoquer la protection que l’on souhaite. Cela est particulièrement vrai pour les pigeonneaux, qui peuvent être dans leur plus jeune âge victimes de toute une série de problèmes, ou de virus, comme le « circovirus » qui, s’il est présent empêchera le vaccin de fonctionner.  Vous penserez ainsi que vos pigeons sont vaccinés, alors qu’en fait ils ne sont pas protégés.

Beaucoup de vaccins, comme le colombovac® conseillent de vacciner à l’âge de 5 à 6 semaines.  Mais si vous lisez bien la notice, ils conseillent « en milieu infecté » (ce que la Belgique est à nouveau depuis 3 à 4 ans… période qui coïncide avec une  pénurie partielle de certains vaccins) de vacciner 2 fois, une première fois à l’âge de 3 semaines et une deuxième fois à l’âge de 6 semaines. Ce conseil a un double but. Le premier se base sur le principe que si l’on vaccine à 6 semaines, le pigeon ne sera effectivement protégé qu’environ 2 à 3 semaines plus tard. Hors entre temps, notre pigeonneau de 7 à 8 semaines (et donc pas encore totalement protégé) sera déjà en train de sortir du pigeonnier pour ses premières volées et donc sera exposé à attraper la maladie durant cette période critique. Vous me direz : Pourquoi ne vaccine-t-on pas uniquement à 3 semaines alors ? Et bien parce que l’on considère que l’immunité transmise par la mère pourrait encore à cet âge être suffisante pour attaquer le vaccin et empêcher l’immunité du jeune de se faire de façon durable. La 2ème raison de vacciner une première fois à 3 semaines est une raison que certains de mes confrère néerlandophones appuient, est qu’à 3 semaines, on a moins de chance que les pigeonneaux soient déjà touchés par une autre maladie comme le circovirus dont je vous parlais précédemment. Et donc que l’on diminue les risques d’une mauvaise protection du pigeon.  Mais voilà, cette double vaccination n’est appliquée que par les plus minutieux des colombophiles. Légalement, une seule vaccination est nécessaire pour des vaccins comme le colombovac® ou le nobilis®, qui sont les 2 vaccins les plus couramment utilisés.  On fera particulièrement attention au point 11 de la notice du Nobilis® qui rappelle qu’une fois le vaccin entamé, il doit être utilisé dans les plus brefs délais, sous peine de vacciner ses pigeons avec un vaccin qui serait aussi efficace que de l’eau claire.

 

En conclusion, je ne peux que vous recommander d’être le plus attentif possible envers cette maladie, car celle ci est malheureusement en recrudescence depuis quelques années. Et je trouve parfois dommage que certains colombophiles décident de ne pas faire vacciner leurs reproducteurs, ou certaines femelles de veufs pour économiser quelques euros, tout en préférant aller dépenser des fortunes pour acheter tel ou tel autre pigeon. Pour moi, ceci est un mauvais calcul, et surtout dans la situation actuelle, c’est prendre un risque que certain ont déjà regretté amèrement. On ne joue pas avec la santé des pigeons. N’oubliez pas que vous vaccinez vos pigeons non seulement pour vous, mais également pour les autres, car si vos pigeons tombent malades, ils augmenteront la « pression d’infection » parmi les oiseaux sauvages, qui à leur tour contamineront des jeunes pigeonneaux  d’un de vos voisins pas encore protégés par exemple, et ainsi de suite. L’éradication de cette maladie est l’affaire de tous, et tout le monde en profitera.

 

 

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